Lorsque le design entre à la maison

Le design d’objets et de meubles pour la maison a le vent en poupe. Accédant plus facilement à la propriété, les Canadiens ont envie d’investir dans des créations uniques qui par leur originalité et leur esthétique, changent le rapport qu’ils nourrissent avec le quotidien.


8_LUBO_LOVEbenchUn cadre idéal pour les créateurs d’ici, de plus en plus reconnus pour leur «patte»: un rapport à la matière brute, une recherche des formes massives, et un goût pour la richesse des textures. Ces affinités, ce sont celles d'un designer d’origine slovaque, qui incarne parfaitement l’identité métissée et contemporaine de l’objet canadien. Rencontre avec le designer torontois Lubo Bézina, de LuboDesign.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de concevoir des meubles pour la maison?

Je suis tombé dans le design et la fabrication de meubles presque par hasard. Après avoir étudié les théories de l’architecture, j’ai décidé d’apprendre à faire des maisons. J’avais besoin de savoir comment on élabore un édifice; après avoir appris comment construire des cadres, ériger des murs et peindre, je me suis intéressé à des choses plus spécifiques. J’ai commencé à concevoir des cuisines et, de là, ce n’était qu’une question de temps avant qu’on me demande de produire des meubles. J’ai adoré ça, et c’est ce que je fais depuis.

Dans vos meubles (notamment les tables, mais aussi les petits objets de cuisine), vous travaillez en effet beaucoup le bois. Pourquoi?

Le bois est sensuel. Le bois est agréable à regarder. Le bois est chaleureux au toucher. Le bois, comme matériau, est très réceptif sous les outils, comme le burin et la gouge. Et le bois me surprend toujours par son grain, et par ses nuances de couleurs.

Comment définiriez-vous le design de meubles au Canada? Est-ce qu’apposer l’étiquette de « meuble canadien » fait sens, pour vous?

J’avoue qu’il est difficile pour moi de répondre à cette question. Pour ma part, je suis un Canadien né en Slovaquie, inspiré par le travail japonais, qui essaie des formes par envie ou par caprice, tant qu’il y a quelque chose de satisfaisant dans le processus. Je pense que l’atout du Canada, dans ce domaine mais plus généralement, c’est la diversité des origines qui nous entourent et qui nous permettent de plonger dans d'autres degrés d’inspirations. Peut-être que le design canadien est simplement un mélange de ces diversités. Mais il est vrai que le design canadien est beaucoup plus difficile à définir que, disons, le design danois…

8_LUBO1Dans les meubles pour la maison, que recherchent le plus les gens en ce moment? Et en tant que designer, est-ce qu’on est obligé d’obéir à des tendances?

De ce que je vois en ce moment, les gens sont particulièrement passionnés par le type de bois et par sa couleur. En ce sens, le choix se fait toujours en fonction de la tendance actuelle. Actuellement, utiliser du bois de récupération est très à la mode. Mais, personnellement, je ne suis pas vraiment les tendances. J’ai de la chance que ce que j’aime faire soit vu comme une chose à la mode. Si je fais les meubles de cette façon, c’est parce que ça me procure un certain plaisir. Suivre les tendances, c’est pour les hipsters!

Qu’est-ce qui fait un meuble réussi, selon vous?

Pour moi, un bon design de meuble, c’est quand vous ne remarquez même pas que vous êtes assis sur une chaise parce que vous êtes complètement à l’aise, et parfaitement heureux.

Y a-t-il quelque chose de frustrant dans le design d’objets pour les intérieurs?

Rien ne me semble frustrant dans ce que je fais. J'imagine que je pourrais me plaindre que je ne fais pas autant d’argent que je voudrais avec mon travail, mais c’est le cas de beaucoup de gens. Je me considère chanceux d’avoir pu faire ce que j’aime depuis si longtemps. En tant que designer et menuisier, j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens formidables, et j’ai aussi beaucoup cheminé, intérieurement, grâce à cela. C’est ce que j’en retiens.