Du LEED et des économies d'énergie, s’il vous plaît!

L’écologie est partout, et plus particulièrement dans l’architecture. La dernière décennie a vu fleurir les constructions « vertes », alors que les consciences s’éveillaient à un concept autrefois abstrait et aujourd’hui de plus en plus essentiel: l’énergie (et plus particulièrement, l’économie d’énergie).


[caption id="attachment_2047" align="alignleft" width="300"]3_GOETHE_3 À découvrir: le « nouveau » Goethe. Imaginé par des architectes montréalais, l’intérieur est équipé de mobilier signé Konstantin Grcic et Dieter Rams.[/caption]

L’écologie est partout, et plus particulièrement dans l’architecture. La dernière décennie a vu pousser les constructions « vertes » alors que les consciences se sensibilisaient au concept autrefois abstrait, mais aujourd’hui de plus en plus essentiel de l’énergie, plus particulièrement de l’économie d’énergie.

Tandis que les nouvelles constructions et les chantiers de rénovation se mettent au diapason des nouveaux standards (notamment le LEED, ce système de certification qui prend en compte les différents aspects de la construction écologique, mais aussi le programme Novoclimat 2.0, qui formule des recommandations relativement à des choix bioclimatiques), des organisations franchissent désormais elles aussi le pas. Un des meilleurs exemples d'écoconstruction à Montréal est sans doute celui du Goethe Institut  (institut faisant rayonner la langue et la culture allemandes), rénové selon les normes du système LEED ARGENT en 2012.

9_GOETHE1Réalisé au rez-de-chaussée des Lofts des Arts dans le Quartier des spectacles, le projet a fait de ces 885 mètres carrés (9500 pieds carrés) vacants un centre moderne comprenant une bibliothèque, plusieurs salles de classe, une salle multimédia et des bureaux. L’atelier TauTem, chargé du projet, a dû relever plusieurs défis : faire table rase des locaux qui étaient loin de répondre aux normes imposées, mais aussi harmoniser les exigences locales avec les normes de sécurité et de design préconisées en Allemagne.

Plusieurs contraintes ont défini le cadre conceptuel, comme l’idée que chaque poste de travail doit se trouver à moins de six mètres d’une fenêtre (la grande baie vitrée interactive qui ouvre le Goethe-Institut sur la rue Ontario et le boulevard Saint-Laurent est d’ailleurs l’une des belles réussites du projet).

Mais des considérations énergétiques faisaient aussi partie des priorités. Ainsi, la firme TauTem explique que la conception de l’éclairage (fabriqué presque entièrement au Québec) a tenu compte du nombre de watts par pièce; des détecteurs de mouvement ont par ailleurs été installés dans plusieurs salles afin de réduire la consommation d’électricité dans les pièces lorsqu’elles sont inoccupées. On a poussé la réflexion sur la consommation énergétique jusqu’à calculer l’origine des matériaux de construction pour tenter de réduire au maximum l’empreinte carbone. Dans le cas de l’Institut, plus de 40 % des matériaux utilisés ont été fabriqués à moins de 800 km du chantier.

Si, du fait de son positionnement écologique en tant qu’organisation, le Goethe est un exemple frappant des avancées du système LEED, l’efficacité énergétique concerne bien sûr aussi la construction résidentielle. À Québec, le cabinet d’architecture Tergos est un pionnier en la matière. Geneviève Mainguy, l’une des architectes du cabinet, définit la maison verte à l’aide de sept critères fondamentaux : la qualité globale dans tout le processus, la conception bioclimatique, l’intégration au site, le choix des matériaux, l’efficacité énergétique, la gestion intelligente des ressources et le confort allié à l’esthétisme. Pour elle, les considérations énergétiques sont bien sûr primordiales, mais elles ne doivent pas l’emporter sur tout le reste à n’importe quel prix. « Nous abordons l’efficacité énergétique comme tout autre aspect important d’un projet.

9_GOETHE2Par exemple, l’argument de l’efficacité énergétique ne doit pas nous pousser à abuser des isolants à base de pétrole (comme le polyuréthane giclé) au détriment d’isolants plus naturels (telle la cellulose). Il ne faut jamais oublier de considérer l’impact de pollution de la fabrication d’un matériau isolant sur l’environnement. » C’est aussi pour s’assurer que ces normes sont bien appliquées sur le chantier que les fondateurs de Tergos ont décidé de devenir aussi entrepreneurs généraux — une décision qui démontre l’engagement moral des architectes vis-à-vis de l’écologie, qu’ils considèrent non pas comme un concept de vente creux, mais plutôt comme un véritable principe éthique et philosophique à appliquer jusqu’au bout.

Si les constructions écologiques standardisées sont encore aujourd’hui de 2 à 5 % plus chères que les constructions hors normes, l’écart s’amenuise chaque année davantage en raison de la demande croissante d’une clientèle qui comprend l’enjeu énergétique actuel et qui estime simplement que passer au vert est une évidence qui s’impose.