Objets connectés à notre service

Dans la myriade d’objets technologiques qui peuplent notre vie, on est en droit de se demander: à quel vrai besoin répondent-ils? Si la plupart de ces objets nous proposent de nous connecter, la réponse est peut-être en fait celle de reconnecter. Ne pas servir d’échappatoire mais au contraire nous aider à mieux vivre, bien ancrés dans notre corps… puisque nous ne pouvons de toute façon pas faire sans lui!

Force est de constater que certains objets prennent peu avantage des données disponibles quant à la localisation du corps et le mouvement. Certes, la géolocalisation par satellite a déjà plusieurs décennies dernière elle. Mais à échelle d’un petit espace, d’un appartement ou d’un commerce, par exemple, le potentiel restait jusqu’à maintenant sous-exploité.

Mouvements et espace

C’est là que sont intervenus Jakub Krzych and Łukasz Kostka, les fondateurs de Estimote, une entreprise américano-polonaise basée à New York. Ce qu’ils proposent? Les iBeacons, une technologie de capteurs Bluetooth capables de recréer virtuellement en temps réel l’espace tridimensionnel d’un lieu, et de le connecter avec son téléphone. En forme de petites gemmes, ces capteurs autocollants s’apposent sur les murs d’une pièce et/ou sur des objets, et permettent ainsi de situer l’utilisateur qui s’y promène ou de mesurer le mouvement de l’objet.

Cette idée toute simple est en fait un puissant accélérateur de technologie mais surtout d’opportunités. Pensez marketing de proximité: un client entre dans un magasin et reçoit des notifications à l’approche de produits susceptibles de l’intéresser. Le iBeacon peut aussi récolter de précieuses informations. Par exemple, collé sur un produit, il capte et analyse la quantité de mouvements que l’objet a subi; on pourra donc savoir à la fin de la journée combien de fois il a été manipulé.

Le capteur peut être utilisé dans toutes sortes d’applications pour téléphone intelligent. Et les utilisations sont infinies. «Au début, nous confie Wojtek Borowicz, gestionnaire de communautés à Estimote, les iBeacons en tant que technologie étaient surtout vus comme un outil destiné à une expérience commerciale. Mais on est aujourd’hui abasourdis par les idées incroyables qu’ont nos clients. Certains utilisent les iBeacons pour surveiller des patients en milieu hospitalier, ou encore aider les personnes mal voyantes dans les transports en commun ou dans leur appartement. De nouveaux projets voient le jour chaque semaine, ça devient même difficile de suivre tout ce qui se passe!».

Un coussin intelligent

Si les iBeacons s’adressent aujourd’hui encore majoritairement à des développeurs, d’autres objets utilisant la technologie des capteurs sont offerts aux particuliers. C’est le cas de Darma, objet né d’un des grands fléaux de notre siècle: la mauvaise posture assise. Sous forme de coussin à mettre sur sa chaise de bureau, Darma est le premier appareil qui mesure notre posture, nos habitudes de positionnement et notre niveau de stress, et qui nous «coach» à mieux nous tenir. Anecdotique, pensez-vous? Avec la multiplication des maux de dos, des scolioses et des tensions musculaires dues à la sédentarité, une telle réponse n’est pas du luxe.

Muni de capteurs liés à notre téléphone, Darma nous signale une position néfaste et nous aide à la corriger pour éviter de développer des problèmes chroniques. On peut facilement suivre l’évolution de notre posture à travers des graphiques simples et clairs qui analysent et nous communiquent les données recueillies. L’avantage d’être sous forme de coussin, c’est que l’on n’a pas besoin de le porter sur soi (comme c’est le cas de la plupart des appareils sur le marché); l’appareil n’est donc pas intrusif. Il fallait simplement y penser…

En clair, le bourgeonnement de la technologie dans notre quotidien ne change pas la donne: nous sommes les seuls à pouvoir faire des choix éclairés. Mais si les «objets intelligents» ne peuvent pas nous changer, il peuvent (et, même, doivent !) devenir les alliés de notre changement. Se créer une vie virtuelle, c’est bien, mais améliorer sa vie réelle, c’est quand même mieux!