Kingston, une ville «smart»

L'an dernier, Kingston, Ontario, a été nommée l’une des sept premières «communautés intelligentes» mondiales par le Intelligent Community Forum (ICF), basé à New York. Pour faire partie de cette sélection, la ville choisie doit prouver qu’elle fait corps avec une vision de développement durable, d’énergie verte, et qu’elle travaille à l’accessibilité du réseau d’Internet.


Kingston, sur ces plans, a tout bon. La première capitale historique du Canada a non seulement travaillé depuis plusieurs années au développement massif du réseau de fibre optique, approvisionnant l’ensemble de la ville d’une connexion haute vitesse, mais a également montré qu’elle était capable d’une vision sur le long terme. Comment?  En mettant le milieu universitaire au cœur de ses innovations.

Sans conteste, l’Université Queen's et son Innovation Park a pesé dans la balance du ICF. Fondé en 2007 avec l’aide du gouvernement provincial, le Park s’est construit comme une communauté d’inventeurs et de spécialistes où le monde académique, l’industrie, le gouvernement et les organismes à but non lucratif travaillent main dans la main pour cultiver des idées, identifier et transformer les découvertes technologiques importantes et propulser des innovations sur le marché.

une communauté d’inventeurs et de spécialistes qui travaillent main dans la main

Et c’est exactement là où Kingston a frappé fort. Car puiser les innovations technologiques directement dans la manne universitaire permet non seulement aux étudiants et aux chercheurs de mettre à l’épreuve des applications pratiques de leur travail, mais procure aux entreprises un solide incubateur de talents qui leur donne toutes les bonnes raisons de s’implanter dans la région et de prospérer.

Particulièrement fort en biochimie et en nanotechnologie, le terreau fertile de Queen's est on ne peut plus prometteur. Concrètement, quelques belles avancées y ont récemment vu. Par exemple, l’une des technologies de Medizone, firme internationale étroitement reliée à Queen's, a été considéré dans la lutte contre le virus Ebola. Mais d’autres projets ambitieux et plus long terme ont attiré les regards. On pense notamment à Altranex Corp., pionniers dans l’avancée des biocarburants et des biolubrifiants pour remplacer les biodiesels. «En 2020, Altranex prévoit d’avoir implanté 30 lieux de production à échelle mondiale, chacun produisant 100 tonnes par jour de matières renouvelables, lit-on dans un communiqué du Innovation Park. L’impact environnemental de ces carburants serait la réduction de 2.8 tonnes de gaz à effet de serre, et de 44 000 tonnes d’émissions de dioxyde de sulfure». Ce n’est tout de même pas rien…

Si Kingston a désormais prouvé qu’elle avait le pouvoir de devenir une ville rayonnante technologiquement, son seul défi sera de se démarquer culturellement. Car une ville n’est jamais complètement «majeure» tant qu’elle n’a pas assis son identité artistique – cette identité créée par un milieu créatif qui fait respirer la ville, qui la fait se renouveler, et qui garde les quartiers vivants pour donner une véritable saveur au cadre de vie de ses habitants. Kingston est douée, et si elle fait preuve d’autant de stratégie qu’elle en a usé sur les autres plans, il est fort probable qu’elle réussisse son pari de devenir, au carrefour de Montréal, de Toronto et d’Ottawa, le nouveau hub de l’Ontario.

Rendez-vous dans cinq ans, Kingston?